Entreprenariat Educatif Européen
      

Apprentissage de l'économie par les jeunes enfants (Vannes, avril 2015)

ImageAPPRENTISSAGE  DE L’ECONOMIE PAR LES JEUNES ENFANTS

 

Nelly Guet : Chef d’établissement pendant 22 ans (2 écoles maternelles et primaires, 3 collèges et 3 lycées, en France et à l’étranger), membre des Conseils d’associations professionnelles européennes de chefs d’établissements scolaires (Bureau Exécutif ESHA Europe 2004-2007), ESHA France de 1998 à 2007, AEDE France depuis 2007, ICP -International Confederation of Principals -depuis 2004.

 

Nelly Guet a participé au niveau européen à de nombreux groupes de pilotage, impliquant des entreprises partenaires. Elle a été, en 2007 et 2008, membre du CODICE - Comité interministériel Economie / Education Nationale -, devant promouvoir l’économie à l’école.

 

 

Le but de ce bref exposé est de donner des idées pour la mise en place de nouveaux contenus pédagogiques, concernant l’économie. Il ne s’agit pas de copier des modèles existant à l’étranger, mais pas non plus de déclarer que le contexte historique français ne permet aucun changement.

 

« Ne confinez pas vos enfants dans votre propre manière d’apprendre, car ils sont nés à une autre époque » dit le proverbe ! et pourtant, certains continuent à regarder dans le rétroviseur et ne se préoccupent pas des nouvelles compétences requises pour les jeunes au XXIe siècle.

 

Un premier constat :

Les connaissances des Français dans le domaine de l’économie et de la finance ne sont pas bonnes et 80 % d’entre eux auraient souhaité recevoir une formation à l’école.

Malheureusement la situation ne s’améliore pas :

L’OCDE a organisé en 2012, pour la première fois, une enquête PISA – Programme International pour le Suivi des Acquis des élèvessur les compétences financières des jeunes de 15 ans. Comme pour les autres épreuves, l’enquête PISA ne cherche pas à évaluer les capacités des élèves à reproduire ce qu’ils ont appris mais bien plutôt à examiner dans quelle mesure ils sont capables d'extrapoler à partir de leurs acquis et d'appliquer leurs connaissances dans des environnements nouveaux qui ne leur sont pas familiers, qui peuvent se trouver à l'école mais aussi à l'extérieur de l'école

Les résultats ont été rendus publics lors d’une conférence au siège de l’OCDE, à Paris, le 9 juillet 2014. Ceux des élèves français sont inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE et révèlent de grandes inégalités : si l’on mesure les résultats en fonction de l’origine socio-économique des familles, la France se situe au 16e rang sur 18. Première injustice à laquelle nous sommes habitués !

Si l’on compare les résultats obtenus par les élèves français en  compétences financières avec ceux obtenus par les élèves d’autres pays ayant des résultats semblables aux leurs en mathématiques et en compréhension de l’écrit, on constate que la France se trouve en dernière position, loin derrière les autres pays.

Deuxième injustice, donc : Nos élèves seraient compétents s’ils recevaient une formation !

Interrogé sur les remèdes proposés, le Gouverneur de la Banque de France, en l’absence de représentants du Ministère de l’Education et de l’Economie, semblant oublier que les élèves passent  les épreuves  Pisa à l’âge de 15 ans, ne trouvera qu’une réponse : la France a rendu l’enseignement de l’économie obligatoire en classe de seconde en 2010 ! Autre réponse déjà connue : le ministre de l’éducation nationale Vincent Peillon a décidé, dès 2013, de retirer les élèves français du panel pour l’épreuve suivante en 2015, feignant d’ignorer à quel point ces compétences financières sont devenues indispensables pour tout un chacun.

En l’absence de stratégie nationale, que peut-on faire ?

Tout d’abord se persuader, comme dit le célèbre proverbe africain  qu’« il faut tout un village pour élever un enfant », puis considérer comme indispensable de se former tout au long de la vie.

Le fonctionnement  qui perdure en France, devrait appartenir au passé. Il est basé sur le triptyque « professeur/élève/discipline » qui  maintient un cloisonnement entre les disciplines mais aussi entre les responsabilités des collectivités territoriales et celles du pouvoir central.

Le nouveau modèle  de l’école du 21ème siècle, qu’il faut mettre en place, se fonde sur la relation « Elève  /  Organisation apprenante (programmes, personnels et environnement)  / Ressources (livres, outils électroniques, autres élèves, tuteurs, tests..) », ce qui modifiera en  profondeur le rôle joué par l’Etat et les collectivités territoriales qui devront, à l’avenir, assumer des responsabilités beaucoup plus larges dans les domaines de la formation initiale, de la formation professionnelle  et  de la formation continue tout au long de la vie.

Ce qu’il est convenu d’appeler les « rythmes scolaires » offre une opportunité à saisir par les élus municipaux en charge des « temps d’activités périscolaires ». A défaut d’introduire la finance à l’école dans les matières à enseigner, il est possible de faire découvrir à des enfants de 5  à 12 ans des contenus adaptés à leur âge,  et grâce à des activités de groupe, de les faire mettre en pratique les compétences acquises en développant leurs capacités d’organisation et de communication.

·         De nombreux supports pédagogiques sont disponibles, grâce à l’ONG Child and Youth Finance International (CYFI) http://childfinanceinternational.org/  qui organise des formations pour élèves et professeurs, dans le monde entier, grâce à des partenariats public-privé, afin de promouvoir l’inclusion sociale par l’éducation financière.

 

·         CYFI travaille en étroite collaboration avec l’OCDE qui invite régulièrement les experts de plus de 50 pays à mettre en commun leur expérience : http://www.financial-education.org

·         De 12 à 18 ans, les élèves peuvent participer à deux initiatives européennes réunies depuis peu : le dispositif de mini-entreprises de JA – YE, Junior Achievement - Young Enterprise  et le « permis de conduire de l’entrepreneur » proposé par la Chambre de commerce de Vienne en Autriche. Ils obtiennent ainsi le passeport :Entrepreneurial Skills Pass®, ®”  qui leur permet de développer une attitude beaucoup plus positive envers l'esprit d'entreprise que la population moyenne, à âge égal et de posséder une longueur d'avance pour leurs choix ultérieurs, grâce aux connaissances et aux compétences acquises (organisation, animation, prise de décision, travail en équipe, confiance en soi).  https://www.wko.at/Content.Node/kampagnen/ufs_en/index.en.html

·         En France, les organismes qui interviennent dans l’éducation financière sont : Finances et Pédagogie, la Banque de France, l’Institut  pour l’Education Financière du Public (Finances pour tous) et la Fédération Bancaire Française.

 

 

Conclusion :

Les jeunes s’inquiètent, à juste titre,  pour leur avenir et les réponses apportées par les enseignants, les politiques et même leurs parents ne les rassurent pas. Si nous les voulons capables de comprendre  "le nouveau monde du travail » et de parler plusieurs langues, nous devons  promouvoir la formation à l’économie et l’éducation à l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge, en nous inspirant de ce que font nos voisins européens.

 

Outils présentés : Tirelire et supports pédagogiques Kinder Cash (allemand et français) pour enfants de 4 à 12 ans


 

Dans son livre : "Virage européen ou mirage républicain? Quel avenir voulons-nous?", Nelly Guet démontre la sclérose du système éducatif français et fait des propositions européennes.