Auteur : Bernard Hugonnier
Directeur Adjoint pour l'Education, OCDE
Nos sociétés et nos économies vivent à l’heure actuelle de profonds bouleversements qui résultent de la mondialisation, le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) et de défis que nous lancent le changement climatique, la diversification de nos sociétés résultant de l’immigration, et le vieillissement de la population. Il est clair que l’on ne peut prétendre dans un tel contexte que tout doit changer sauf l’éducation. L’éducation doit donc faire elle aussi son aggiornamento et se transformer pour mieux répondre à la situation nouvelle. Elle doit devenir positive au sens où elle doit être pragmatique en s’ajustant aux réalités et être réformée sur la base d’évidence et d’expériences confirmées. Elle ne doit pas pour autant être utilitariste en ne faisant que répondre à des besoins immédiats et sans avenir.
Sur cette base, quatre grands objectifs de la nouvelle éducation peuvent être discernés. Il s’agit de répondre aux objectifs i) de la protection de l’environnement et des matières premières non renouvelables ; ii) de l’apprentissage tout au long de la vie ; iii) de l’économie de la connaissance et enfin de iv) de l’inclusion sociale.
La protection de l’environnement et des matières premières non renouvelables
Ce dont il est question ici c’est de compétences dynamiques de la part des étudiants qui devront, une fois adultes, assumer des responsabilités civiques beaucoup plus importantes que dans le passé afin de relever le défi du changement climatique et de la protection de la planète. Cela signifie avoir des comportements de consommation plus responsables compatibles avec les objectifs du développement durable qui veut réconcilier la croissance avec l’environnement, c’est-à-dire réduire autant que faire ce peut les conséquences de la première sur le second. Les compétences dynamiques que les jeunes doivent acquérir sont l’esprit critique, la prise d’initiatives ; l’indépendance d’esprit ; la capacité de discernement ; l’engagement personnel et assumer des responsabilités citoyennes.
L’apprentissage tout au long de la vie
Est révolu le paradigme ancien où grâce à une éducation initiale on pouvait trouver un emploi et acquérir un métier pour la vie. Désormais, chacun devra changer plus souvent d’emplois et parfois mêmes de métiers et dans le même temps améliorer sa productivité. D’où la nécessité de mettre à jour ses connaissances et compétences et au besoin d’en développer de nouvelles. C’est l’esprit de l’apprentissage tout au long de la vie. Là encore des compétences dynamiques sont attendues comme la flexibilité, l’adaptabilité, la mobilité ; la motivation pour apprendre et réapprendre ; la capacité à apprendre par soi-même ; la prise d’initiatives ; des connaissances en TIC ; des compétences dites info-documentaires pour rechercher l’information nécessaire dans l’ensemble des médias ; une pensée créatrice et critique.
L’économie de la connaissance
Dans la société de la connaissance, où le savoir est devenu le principal facteur de production, les employeurs ne s’axent plus seulement sur les savoirs et compétences cognitives ; ils mettent de plus en plus l’accent sur les compétences liées au lieu de travail qu’elles soient intra-personnelles (motivation, engagement, esprit d’entreprise, capacité d’adaptation, capacité analytique, capacité d’apprentissage par soi-même) ou interpersonnelles (esprit de corps et d’équipe, communication, leadership, sens des responsabilités, initiatives).
L’inclusion sociale
Dans nos sociétés modernes où prévaut de plus en plus une forte mixité des origines, des ethnies, des religions et des mœurs, il est besoin de plus de capital social permettant de lier entre elles les diverses communautés et ces dernières avec les institutions. Le capital social qu’il est besoin de développer pour arriver à une société inclusive, c’est-à-dire où les risques d’exclusion sociale sont minimum, nécessite les compétences suivantes : la confiance, la tolérance, la solidarité, l’esprit coopératif, la participation civique et le sens des responsabilités sociales.
Conclusion
On a pu ainsi montrer que dans le monde actuel et celui qui se prononce, il est besoin de nouvelles compétences. Elles se caractérisent par le fait que la plupart du temps elle ne sont pas sectorielles et cognitives mais bien davantage transversales et fondées sur des valeurs et des attitudes. Il est donc besoin d’une nouvelle éducation.
Or tous sont concernés : les jeunes et les adultes, les employés comme les chômeurs et les retraités. D’où une tâche d’une grande ampleur. Par ailleurs, se posent des défis immenses, notamment : comment enseigner ces compétences transversales. Il ne suffira pas d’engager une réforme des programmes, des méthodes pédagogiques et de modifier la formation donnée aux enseignants. Il faudra aussi mesurer l’acquisition de ces compétences (par exemple, la solidarité) et s’interroger sur les rôles respectifs de l’éducation formelle, informelle et non-formelle.
L’avenir sera positif si ces compétences sont bien acquises, c’est-à-dire si l’on se dirige vers une éducation positive, ce qui garantira un développement durable ; une véritable formation de tous tout au long de la vie ; une mise en valeur réelle des principales sources de la croissance que sont les connaissances et les compétences et une démocratie participative sans exclusion; il en ira tout autrement dans le cas contraire.
Auteur : Bernard Hugonnier
Directeur Adjoint pour l'Education, OCDE