Ma réponse
Droit de réponse suite à l’article publié le 13 mars 2015 se référant aux réactions des secrétaires départementaux du SNES- FSU a propos du débat que j’ai animé hier soir sur la place de l’entreprise dans les systèmes scolaires européens.
Je ne peux laisser croire à vos lecteurs que je suis ignorante de l’existant en France. Membre pendant 2 ans du comité interministériel Economie-Education en charge de rapprocher l’économie de l’éducation, je suis de près, depuis 2007, les activités de toutes les organisations patronales qui siégeaient au CODICE ( Medef, CGPME…), des associations comme Croissance plus, 100 000 Entrepreneurs, Jeunesse et entreprises (AJE), Entreprendre pour apprendre (EPA), Euro-France (Je filme le métier qui me plait),… : leur point commun est de mettre en œuvre des actions ponctuelles et non pas des partenariats suivis avec un établissement donné qui s’étendent sur plusieurs années, avec les mêmes élèves (un niveau entier de 4 ème, puis de 3ème par exemple) et qui parfois transforment profondément leur quotidien comme le font les Fondations public-privé allemande, néerlandaise, autrichienne, des pays où le chômage des jeunes est moindre.
J’ai déjà présenté ces « bonnes pratiques » au Medef et notamment au Forum de 2010 en faisant témoigner professeur, formateur, chef d’établissement de ces pays : le travail de la Fondation Jetnet (NL) est ressenti en France comme de l’ingérence dans les responsabilités du Président de la République (sic).
De même une ONG comme CYFI (Child and Youth Finance International) qui a pour but de favoriser l’inclusion sociale dans 100 pays par un meilleur accès à l’éducation financière, ou la Chambre de Commerce Autrichienne avec « Le passeport de l’entrepreneur » permettent aux élèves de développer des compétences financières, économiques et entrepreneuriales : elles ne recherchent ni « la rentabilité », ni « le profit » au sens où l’entendent mes détracteurs.
Ils semblent oublier qu’à l’enquête PISA de 2012 portant sur les compétences financières, la France est classée 16ème sur 18 si l’on mesure les résultats en fonction de l’origine socio-économique des familles. Le Ministre Vincent Peillon a retiré les élèves français du panel pour les épreuves de 2015 !
La définition donnée par le SNES-FSU de la laïcité excluant l’économie du domaine public étonnera sans doute vos lecteurs. Pas moi, car je l’ai entendue, en tant que chef d’établissement pendant 22 ans.
Ce que les entreprises et les écoles ont en commun, c’est la nécessité de développer l’implication personnelle de chacun, son épanouissement professionnel, l’innovation due aux nouvelles technologies... Les compétences attendues au XXIe siècle ont très peu en commun avec des rythmes de travail imposés, laissant peu éclore l’initiative personnelle, l’engagement de la personne, sa capacité à mener à bien un projet dans un temps qui lui est propre. Cette cloison étanche entre les deux mondes génère une spécificité française, un domaine réservé que l’on appelle « orientation », caractérisée par une inadaptation des moyens mis en œuvre à la fois pour l’insertion professionnelle et la formation continue.