Auteur : Denis MeuretJe fais partie des gens qui, comme Nelly Guet, ont longtemps œuvré à l’intérieur du système scolaire français avec le projet de le rendre plus juste, plus efficace, plus accueillant aux élèves et aux besoins de la société.
J’ai fini par comprendre, et par expliquer dans un livre*, à travers une comparaison avec le système scolaire américain, que ce qui nous empêchait d’avancer était un repliement de l’école sur elle-même dû à la fonction qu’on lui attribuait de sauver d’elle-même une société condamnée, sans son intervention, à la barbarie et à la dégénérescence.
Ainsi l’école s’est construite « contre », ce dont témoigne sa méfiance vis-à-vis des parents et des « besoins des entreprises ». Les membres de la communauté éducative vivent l’école comme une oasis de culture assiégée par les barbares plutôt que comme l’instrument d’une amélioration de la démocratie et de la société. C’est une des raisons pour lesquelles, en France, le milieu éducatif s’intéresse globalement très peu aux comparaisons internationales dont ils ne voient pas l’intérêt.C’est aussi une des raisons pour lesquelles, on y a tendance à considérer que les différences entre les établissements scolaires procèdent seulement du type d’élèves qu’ils scolarisent.L’inadaptation de ce modèle français d’éducation semble avoir pour résultat une décadence rapide du système depuis quelques années, décadence qui se voit dans les évaluations internationales :
une performance moyenne des élèves français en baisse par rapport à celle de la plupart des autres pays développés de façon plus nette encore, l’inéquité du système s’accroît : les performances des plus faibles baissent plus que celle des plus forts, l’influence de l’origine sociale des élèves sur leurs compétences à 15 ans augmente.Les élèves semblent particulièrement nombreux dans notre pays à éprouver le sentiment d’être traité de façon injuste à l’école. Les contempteurs de la réforme ont parfaitement raison. C’est d’une révolution que nous avons besoin.
Il nous faut :
- Développer une éducation démocratique qui privilégie l’envie d’expérimenter, la confiance , le courage et l’autonomie à l’esprit de discipline, la soumission aux règles et l’attachement au groupe ou à la Nation.
- Développer et évaluer de nouvelles compétences chez tous les enseignants,
- Donner à l'élève le pouvoir d'agir sur ses apprentissages, en lui proposant plus souvent de décider quand, comment, et avec qui apprendre.. le conduire à se faire confiance, à faire confiance au monde dans lequel il prendra sa part de responsabilités
- Donner aux parents les moyens de comprendre ce qu'ils sont en droit d'attendre de l'école au XXIème siècle
Conclusion
Il est temps :
- De comprendre qu’il y a urgence dans notre pays à prendre en compte la réalité sociale en lieu et place de l’héritage historique,
- De remettre en cause notre école, conçue selon les principes de Durkheim pour faire nôtre la conception de Dewey, selon laquelle une expérience est éducative « en ce qu'elle favorise le fait qu'on puisse apprendre d'expériences ultérieures", « en ce qu’elle constitue une force qui met en mouvement »,
- De considérer que l’heure de cette Révolution est venue, car l’approche par compétences introduit l'univers de la vie réelle dans la formation,
- D’admettre que par voie de conséquence, la référence n'est plus le savoir mais l'activité proprement dite, le savoir devenant moyen et non finalité,
- De placer en tout premier lieu l’objectif d’inclusion sociale,
- De considérer que tout éducateur doit avoir la conviction que tout individu est apte à profiter des apports de l'école, qu’il n'existe pas d'élèves faibles incapables de changer.
Auteur : Denis Meuret